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GODEFROY, Pierre: flibustier français.

Il appartenait probablement à cette famille d'armateurs protestants de La Rochelle portant le même nom. Dans son histoire manuscrite de l'île de Saint-Domingue, le père Le Pers le mentionne parmi les capitaines qui participèrent à la prise de la Vera Cruz en 1683, ce qui est inexact. Quoique cela soit impossible, il est probable qu'il s'y trouvait en tant qu'officier ou simple flibustier. Mentionné comme flibustier à Saint-Domingue dès 1688, il devint l'un des plus fameux capitaines corsaires de cette colonie lors de la guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697). Il fut cependant capturé par les Anglais en 1693. Ayant retrouvé sa liberté, il participa à la prise et au pillage de Cartagena en 1697, commandant alors un bâtiment nommé La Serpente.

GOFFE, Christopher: flibustier anglais.

Il compta probablement au nombre des cinq capitaines qui en avril 1684 formèrent la flotte de Thomas Handley, qui appareilla de l'île New Providence avec commission du gouverneur Lilburne pour garder les côtes des Bahamas contre les Espagnols. Il fut ensuite proclamé pirate en Nouvelle-Angleterre, d'où il était apparemment originaire. Il est possible qu'il suivit Handley puisque, lorsque celui-ci fit escale aux Bermudes en mai 1685, Goffe se trouvait en sa compagnie. En août 1687, il se trouvait à bord du navire d'une capitaine nommé Woollerly lorsque celui-ci fit escale aux Bahamas. Cette même année, il se retira en Nouvelle-Angleterre où il fit sa soumission aux autorités coloniales et obtint son pardon. En 1690, il reçut le commandement de l'un des quatre corsaires new-yorkais armés par Jacob Leisler pour une expédition contre les Français au Canada.

Le GOLIF, Louis-Adhémar-Timothée: voir sous Borgnefesse.

GOODLAD, William: flibustier anglais.

Commandant la frégate The Blessing, il prit à Port Royal, en septembre 1662, une commission du gouverneur de la Jamaïque pour prendre sur les Espagnols. À la fin de 1663, il comptait toujours au nombre des flibustiers fréquentant ce port, montant alors une pinque armé de six canons, avec 60 hommes d'équipage.

GOUIN, [Pierre?]: flibustier français.

Il montait l'un des bâtiments de la flotte de Grammont au retour de l'entreprise de Maracaïbo (1678). Il pourrait être identifié à Pierre Gouin, capitaine d'une barque marchande qui fut pris et tué par des corsaires espagnols à la côte sud de Saint-Domingue en 1683.

GRAMMONT, Sieur de: flibustier français originaire de Paris (mort au large des Açores, octobre 1686).

Son nom se prononce Grand Mont. C'est un gentilhomme gascon. À 14 ans, choqué par les manières d'un officier qui fait la cour à soeur, il le provoque en duel. Les épées sont tirées et l'officier frappé de trois coups mortels. Pendant qu'il agonise, on lui tend une plume pour qu'il rédige son testament. Il y pardonne Grammont, affirmant être «l'artisan de mon malheur, tout s'est passé dans l'honneur» et lègue une somme à la soeur bien-aimée et à Grammont lui-même. Aucune action judiciaire n'est donc prise contre Grammont, mais on l'inscrit de force à l'école des mousses. Un marin voyage, c'est donc un exil déguisé qu'on lui impose. 
Pourtant Grammont se plaît sur un navire. Il apprend vite. D'abord le langage ordurier de marins dont il usera ensuite abondamment, manière de renier qu'il est gentilhomme. Il apprend aussi tout ce qui concerne la navigation. Très vite aussi, il se fait une solide «réputation». En peu de temps, il devient capitaine d'une frégate corsaire de la marine française (vers 1675) avec laquelle il capture une flottille hollandaise si riche qu'on la surnomme «la bourse d'Amsterdam». 
Sa part du butin se chiffre à 80 000 livres qu'il dépense en huit jours dans les tavernes et les bordels des Antilles Françaises. Il garde 2 000 livres qu'il risque au jeu et qui lui permettent de gagner la somme nécessaire pour acheter un navire de 50 canons. Il rend ses galons d'officier de marine et devient flibustier, comptant au nombre des chefs que Pouancey recruta en 1678 à la demande du comte d'Estrées pour une entreprise contre Curaçao.
On dit Grammont robuste, petit, brun et basané. Son regard vif et sa langue agile, capable de discours mielleux ou de maudire à coups d'effroyables blasphèmes et de basses insultes. Quatre grandes expéditions marquent sa carrière: Maracaibo en 1678, Cumaná en 1680, VeraCruz en 1682, Campêche en 1686. Après le naufrage de la flotte française aux îles d'Avés, il reçut l'ordre de Pouancey d'en sauver les survivants. Ensuite, avec 700 hommes, il alla piller les établissements espagnols du lac de Maracaïbo. De retour au Petit-Goâve à la fin de l'année, il reprit la mer en avril 1679 pour aller croiser devant La Havane, puis aux côte de l'Amérique centrale et du Venezuela. En mars 1680, il mouillait devant la Martinique, envoyant à d'Estrées un mémoire sur ses observations des ports et des places espagnols. En juin suivant, il prenait La Guayra, qu'il dut cependant évacuer à l'arrivée de troupes venant de Caracas, se retirant aux îles d'Avés avec une blessure d'une flèche à la gorge. De retour au Petit-Goâve, il y perdit son vaisseau lors d'un ouragan.
Après une longue période d'inactivité, il s'embarqua au Petit-Goâve comme lieutenant du capitaine Van Hoorn, sous les ordres duquel il participa à la prise de la Vera Cruz (mai 1683). À la mort de Van Hoorn, il reçut le commandement du vaisseau de celui-ci qu'il alla radouber dans la colonie anglaise de Caroline. De retour à Saint-Domingue à la fin de 1683, il en ressortait en juillet de l'année suivante, avec cinq vaisseaux, pour ramener par ordre du gouverneur Cussy tous les flibustiers alors en mer. Cette croisière décevante le conduisit à Cuba, en Floride et en Caroline et, à son retour à Noël 1684, il fut beaucoup critiqué pour son inaction. Pourtant Cussy n'en renouvela pas moins sa confiance en Grammont puisqu'il l'autorisa à repartir dès février 1685 pour attaquer la ville de Carthagène. Ce dessein dut toutefois être abandonné puisque trop de flibustiers avaient entrepris un voyage en mer du Sud. Ayant évité que d'autres n'imitassent ces derniers, Grammont, à la tête d'une douzaine de vaisseaux et d'un peu plus de mille hommes, s'empara de la ville de Campêche en juillet 1685.
À la suite de cette expédition qui rapporta peu de butin, il se brouilla avec la plupart de ses capitaines, notamment avec De Graff. Grammont se rendit alors aux Honduras où il reçut reçu l'ordre de Cussy de rentrer à Saint-Domingue. Il en appareilla avec son vaisseau et deux autres plus petits à destination de la Floride, à dessein d'attaquer la ville de San Augustin avec l'aide des Anglais de la Caroline. Mais ce projet fut contrecarré par la prise de l'un de ses trois bâtiments par les Espagnols de Floride (mai 1686) et le refus des autorités de la Caroline de traiter avec lui (vers juillet 1686). Alors, sur son vaisseau Le Hardi, il traversa l'Atlantique, probablement à dessein d'aller en Guinée ou de passer à la mer du Sud par le détroit de Magellan. Au large des Açores, peu après la prise d'un vaisseau hollandais, il périt lors d'une tempête. Vers le même moment où Grammont disparaissait, Louis XIV le nommait lieutenant de roi à Saint-Domingue.

GREGGE, Thomas: flibustier anglais.

Le 8 octobre 1659, ce capitaine, commandant un bâtiment nommé The Aim, obtenait un congé du colonel D'Oyley, le gouverneur militaire de la Jamaïque, pour sortir du port Cagway (future Port Royal), avec commission du même officier pour prendre sur les Espagnols.

GRENEZÉ alias Nicolas AMON: flibustier anglo-normand natif de l'île de Guernesey, d'où son surnom.

Un capitaine corsaire de ce nom est mentionné à Saint-Domingue dès 1676, mais l'on ignore s'il s'agit bien de Amon, car il pourrait s'agit d'un autre anglo-normand connu par ailleurs sous le nom de Tocard; pourtant selon un expert moderne de la flibuste, les deux ne seraient qu'un seul et même homme. En 1678, l'on retrouve encore un Grenezé parmi les capitaines de la flotte de Grammont, à la sortie du lac de Maracaïbo, mais encore une fois il est difficile de savoir lequel, d'Amon ou de Tocard il s'agit. Plus sûrement, le capitaine Amon alias Grenezé commandait au début de 1682 un petit bâtiment au large des côte de la Jamaïque, où il fut informé du départ de la Trompeuse, un vaisseau de guerre français détourné par son capitaine, un huguenot, que deux marchands jamaïquains avaient frété pour charger du bois de teinture dans le golfe des Honduras. Grenezé y suivit la Trompeuse et, en mai ou juin de la même année, il s'en saisit. Au commandement de la Trompeuse, Grenezé et ses quelque 120 hommes pillèrent plusieurs petits bâtiments de commerce anglais, peut-être plus par manque de vivres que, comme s'en plaignit le gouverneur de la Jamaïque, dans le but délibéré de commettre des pirateries. Cela obligea ce gouverneur, Sir Thomas Lynch, à envoyer contre Grenezé les HMS Guernsey et Ruby, ainsi que quelques corsaires. Entre-temps, Grenezé mena la Trompeuse à la côte sud de Saint-Domingue où le 25 janvier 1683 mouillant à Jacquin, il fut surpris par le HMS Guernsey. Mais celui-ci n'ayant pu attaquer la Trompeuse, Grenezé parvint à gagner l'île à Vache, où il fut bien reçu par le major Beauregard qui y commandait. Là, le mois suivant, Amon se débarqua de sa prise, laquelle repris bientôt la mer sous les ordres d'un autre capitaine surnommé Hamelin. Par la suite, il semble avoir joint la compagnie de Laurens De Graff. Mais en 1685, il se trouvait apparemment dans celle de Grammont. Toujours est-il que le gouverneur de Saint-Domingue, le sieur de Cussy, envoya aux Honduras un capitaine nommé Grenezé vers Grammont au début de 1686 pour lui porter un ordre pour qu'il vienne désarmer avec toute sa flotte au Petit-Goâve. Par ailleurs, après la prise de Campêche, le capitaine Amon reçut apparemment de Grammont le commandement d'une petite barque, avec laquelle il suivit son chef aux Honduras puis en Floride. Après une escale en Caroline, il abandonna sa barque et, avec son équipage, se rembarqua sur le Hardi (le navire de Grammont) pour traverser l'Atlantique. À la hauteur des Açores, en octobre 1686, il reçut le commandement d'un vaisseau néerlandais pris par leur compagnie. Mais une tempête l'ayant séparé de son chef qu'il ne put retrouver, Amon fit voile à destination des Antilles et mouilla à la Grenade vers la fin novembre 1686 : sa prise hollandaise y fut enlevée par le HMS Mary Rose auquel Amon et ses gens livrèrent bataille avant d'aller se réfugier à l'intérieur des terres. Par la suite, ces flibustiers prirent passage séparément sur quelques petits navires français qui abordèrent l'île. En septembre 1687, le marquis de Seigneley écrivit au gouverneur Cussy concernant les intérêts d'une Mlle de Grenezé à Saint-Domingue, probablement l'épouse ou une parente de ce flibustier.

GRIFFIN, William: flibustier irlandais (probablement mort à Saint-Domingue, vers 1675).

Commandant le Petit-Nicolas, ce capitaine prit, à la Tortue, le 18 septembre 1668, une commission du gouverneur d'Ogeron pour prendre sur les Espagnols. Griffin avait déjà deux vaisseaux, avec des équipages composés surtout d'Anglais et d'Irlandais, n'ayant que deux Français à ses bords. En 1675, il faisait la course depuis Saint-Domingue, s'emparant à la côte de Carthagène, vers septembre, d'un navire espagnol chargé de cacao.

GROGNIET, François alias Cachemarée: flibustier français (mort à Guayaquil, 2 mai 1687).

En 1681, ce capitaine reçut une commission du gouverneur de Saint-Domingue pour prendre sur les Espagnols par droit de représailles, puis il gagna les côtes du Venezuela. Mais, croisant dans les parages de l'île Trinidad, il y fut arrêté en janvier 1682 par le marquis de Maintenon, qui lui confisqua sa commission et lui ordonna de rentrer au Petit-Goâve, son port d'attache à Saint-Domingue. En novembre de l'année suivante, montant le Saint-François de six canons et 70 hommes, il en repartait au sein d'une flotte corsaire commandée par Laurens De Graff et le major Beauregard, qui avait pour objectif Santiago de Cuba. Mais cette flotte s'étant dispersée, il rentra au bout de quelques semaines au Petit-Goâve. Il y joignit quatre autres bâtiments, qui, sous les ordres du sieur Bernanos, en appareillèrent en mars 1684 pour une expédition sur l'Orénoque qui trouva son dénouement par la prise, deux mois plus tard, de Santo Thomé, la principal place espagnole sur cette rivière. Avec ses associés, Cachemarée alla ensuite croiser vers les îles Trinidad et Margarita. Enfin, en compagnie de trois d'entre eux, en novembre, il relâcha à l'île Tortuga (toujours au Venezuela) où vinrent le rejoindre d'autres flibustiers auxquels Grammont avait donné rendez-vous. Mais celui-ci ne s'y étant pas présenté, Cachemarée, accompagné d'un autre capitaine nommé Lescuyer, résolut de passer à la mer du Sud par l'isthme de Panama, quittant Tortuga dans les derniers jours de l'années. Arrivés en janvier 1685 au Panama, son associé et lui, à la tête de quelque 200 hommes, traversèrent l'isthme avec l'aide des Indiens Kunas. Dans le golfe de Panama, il reçut des capitaines Davis et Swan le commandement d'un petit navire espagnol. Après sa rupture avec ces deux chefs Anglais, en juillet, il commanda en chef la plupart des flibustiers français passés à la mer du Sud, ayant un peu plus de 300 hommes sous ses ordres. Pendant environ deux ans, il rôda le long des côtes pacifiques de l'Amérique espagnole, du Mexique jusqu'au Pérou. Il se signala notamment par la prise de Granada (Nicaragua) en 1686 et celle de Guayaquil (Pérou) l'année suivante, où il mourut des suite d'une blessure reçue lors de la prise de cette ville.

GUY, Richard: flibustier anglais.

Le 4 décembre 1659, ce capitaine, commandant un bâtiment nommé The Hopewell Adventure, obtenait un congé du colonel D'Oyley, le gouverneur militaire de la Jamaïque, pour sortir du port Cagway (future Port Royal), avec commission du même officier pour prendre sur les Espagnols. En mai 1660, il faisait une prise transportant 14 775 pièces de huit, et, le mois suivant, une autre. Au début de novembre 1662, commandant cette fois la frégate The America, il obtint une autre commission à la Jamaïque. Il était probablement alors associé au capitaine William James qui reçut à la même date une semblable commission du gouverneur de cette île; l'un se portant alors caution pour le navire de l'autre et vice versa; tous deux ont pu prendre part à la prise de Campêche (janvier 1663) sous les ordres du capitaine Myngs. Guy semble avoir fréquenté l'île la Tortue cette même année. En juillet 1663, en compagnie de quatre autres flibustiers anglais, il participa aux îles Cayman au pillage d'un négrier néerlandais. Cependant, en avril 1664, montant toujours la même frégate, il mena à Port Royal une prise espagnole qu'il avait faite à la côte est de l'île Hispaniola, laquelle lui adjugée par le gouverneur adjoint Lyttleton. Il acquit ensuite plusieurs terres à la Jamaïque et y devint un important planteur, étant dès 1666 considéré comme l'un des flibustiers, aux côtés des capitaines Harmenson et Brimacain, étant à la tête de belles plantations. En 1670, il en possédait en effet plusieurs dans les paroisses à l'ouest de Port Royal. Dans les années 1670, Il fut élu plusieurs fois membres de l'Assemblée de la Jamaïque.

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