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BANNISTER, Joseph: flibustier anglais (mort au large de la Jamaïque, février 1687).

En avril 1680, capitaine faisant le commerce entre les Antilles, la Nouvelle-Angleterre et la Grande-Bretagne, vit son navire de 30 canons nommé The Golden Fleece, chavirer à Port Royal (Jamaïque). Il réussit à le remettre à flot avec l'aide de l'équipage du HMS Hunter. Quelques semaines après cet incident, il appareillait à destination de l'Angleterre et revint à la Jamaïque, en mai 1681. Durant les trois années suivantes, il subit apparemment quelques échecs commerciaux qui le poussèrent à s'engager dans la flibuste aux côtés des Français de Saint-Domingue. Ainsi, sortant de Port Royal sans congé du gouverneur Lynch, en juin 1684, il se rendit au Petit-Goâve où il demanda une commission au gouverneur Cussy qui la lui refusa. Cependant, le sieur de Grammont, qui commandait une flotte de flibustiers et qui quitta Saint-Domingue en même temps que l'Anglais, promit à celui-ci de lui en obtenir une. Bannister se joignit alors à la flotte de Grammont, qui l'envoya apparemment au sud de Cuba avec ordre de pêcher la tortue pour en ravitailler leurs navires. Là, en août, il fut arrêté par le HMS Ruby sous prétexte d'y avoir pillé une petite barque espagnole. Conduit prisonnier à Port Royal avec sa son navire et ses 115 hommes, il y subit dès le mois suivant un premier procès pour piraterie, mais il fut innocenté. Le colonel Molesworth, le gouverneur de la Jamaïque par intérim, ne le fit pas moins placé sous bonne garde, résolu à le ramener devant la justice. Mais, en attendant son second procès, Bannister organisa son évasion qu'il exécuta une nuit de février 1685, sortant de Port Royal avec sa Golden Fleece. Il alla droit à Saint-Domingue où il joignit la flotte de Grammont, lequel pour éviter des ennuis à cette recrue fit rédiger un faux contrat de vente qui faisait du capitaine Duchesne le nouveau commandant de la Golden Fleece. Ce subterfuge fut fort utile lorsque leur flotte rencontra le HMS Ruby au large du Panama, dont le capitaine ne put rien tenter contre Bannister. Celui-ci participa ensuite avec ses associés français à la prise de Campêche. Mais il fut l'un des capitaines qui se séparèrent de Grammont dès les premiers jours de septembre 1685. En compagnie des capitaines Lagarde et Duchesne, Bannister gagna alors la côte nord de la Jamaïque où, en novembre, il dut prendre à son bord le second de ses deux associés français lorsque celui-ci dut abandonner son navire à un garde-côte jamaïquain. De là, Bannister repassa à Saint-Domingue où, en janvier 1686, il tenta encore d'obtenir une commission de Cussy, qui la lui refusa mais qui ne l'inquiéta pas davantage. Ayant pris à son bord quelques hommes au Petit-Goâve, il rejoignit son autre associé, Lagarde, à l'île à Vache. Fin avril, au sud de Puerto Rico, Bannister pillait deux navires anglais qu'il mena à la côte de Caracas. Le mois suivant, il retournait à Saint-Domingue, dans la baie de Samana, pour y caréner son navire. Il y joignit une prise faite par des flibustiers français aux côtes d'Afrique. En juin, ils y furent surpris par les HMS Falcon et Drake qu'ils parvinrent à repousser ces intrus, mais au prix de la perte de la Golden Fleece. La majorité des Français qui accompagnaient alors Bannister se mutinèrent contre lui, puis prirent la mer sur l'autre navire. Bannister avec quelques dizaines d'hommes seulement s'embarqua dans une barque et se rendit Nicaragua. En étant informé, le gouverneur Molesworth envoya contre lui le Drake avec ordre à son capitaine Thomas Spragg d'exécuter le pirate s'il le prenait, pour éviter de lui faire un autre procès à Port Royal où les complices des flibustiers étaient nombreux. Spragg captura Bannister et, en arrivant à la Jamaïque, il pendit le pirate avec trois de ses hommes en bout de vergue du Drake.

BARBE-NOIRE: (Black-Beard) pirate anglais.

Edward Teach ou Thatch est plus connu sous le terrible nom de Black Beard, soit Barbe-Noire. Établissant sa réputation sur la peur de ses victimes, en deux ans seulement Teach s’est fait l’archétype du pirate semant terreur et désolation sur son chemin.
Né vers 1680 à Bristol, en Angleterre, Edward Teach fut tout d’abord corsaire sur les côtes de la Jamaïque, où il se distingua nettement par sa hardiesse et sa force de caractère. Pourtant, avant de devenir pirate au sens strict jamais il n’obtint de commandement. Ce qui fait que son parcours de simple corsaire est resté dans l’ombre et que nous n’entendons parler de lui qu’à son entrée dans le grand banditisme maritime, en 1716.
C’est en effet à la fin de cette année-là que Teach sortit des sentiers de la légalité, en compagnie du capitaine Benjamin Hornigold. Ensemble, ils écumèrent les côtes de la Caroline et de la Virginie et entamèrent ensuite leur descente sur les Caraïbes. Teach prit le commandement d’un grand vaisseau français capturé alors qu’il se rendait à la Martinique. Barbe-Noire rebaptisa son navire Queen’s Ann Revenge, l’équipa de 40 canons et s’en fut sur les mers et fit main basse ici ou là, entre le Honduras, les îles Caïmans, La Havane, les Bahamas et la Caroline. Nullement effrayé par la proximité des côtes, le pirate n’hésitait pas à faire quelques prises face à des villes, comme celle de Charleston, dont la population fut pour le moins épouvantée. Mettant à profit sa présence dans les parages, Teach épousa devant le gouverneur une jeune fille âgée d’à peine 16 ans qui devint ainsi sa quatorzième femme, si l’on en croit la légende…
La vie sédentaire de Barbe-Noire était des plus débridées. Tandis que son sloop mouillait dans le port d’Ocracoke, son nouveau port d’attache, lui-même habitait dans la plantation où demeurait sa femme et où, la nuit venue, il avait la curieuse habitude de se saouler avec plusieurs de ses compagnons avant de leur livrer sa jeune épouse!
En juin 1718, Teach repartit en expédition dans les parages des Bermudes. Il avait compris que son arme principale était la terreur et il se rendit donc le plus abominable possible. En le voyant surgir d’un nuage de fumée, armé jusqu’aux dents avec sa longue barbe tressée, ses victimes se rendaient le plus souvent avant que le moindre coup de feu ne soit tiré. Dans sa barbe noire, qui lui montait jusqu’aux yeux et qu’il laissait pousser « de manière extravagante », comme l’écrivit Defoe, il accrochait des rubans et faisait brûler de longues allumettes de soufre et de poudre qu’il plaçait entre sa tête et son chapeau. Les jours de combat, il portait une sorte d’écharpe qu’il passait sur ses épaules avec trois paires de pistolets dans des fourreaux, en forme de bandoulière. Il portait également des poignards et un sabre. Son profil tout droit sorti de l’enfer incarnait la férocité d’un être démoniaque…
Alexander Spotswood, gouverneur de Virginie, décida de faire cesser le régime de terreur que Barbe-Noire imposait sur toutes les côtes de la région. Il publia, fin novembre 1718, une proclamation offrant des récompenses sonnantes et trébuchantes à qui pourrait capturer le célèbre pirate dans le délai d’un an. C’est le lieutenant Robert Maynard, commandant le Pearl, qui fut chargé par le gouverneur en personne de remplir cette périlleuse mission. Il partit le 17 novembre par la James River, en Virginie, et le 21 au soir il se montrait à l’entrée de l’anse de la petite île d’Ocracoke.
Le combat fut acharné. Maynard attaqua Barbe-Noire au lever du jour, tandis que le pirate levait ses amarres et fonçait vers la berge. Après une course-poursuite et des ruses de part et d'autre, ce fut Maynard qui eut finalement le dessus. Barabe-Noire succomba sous le nombre et, au terme d’une vingtaine de coups de sabre et de cinq coups de pistolet, le géant s’écroula enfin à terre.
Edward Teach aura eu une vie et une destinée fidèles à son activité de pirate: sanglantes et désespérées. Débauché, volontiers escroc, pillard sans remords, sans foi ni loi, apparemment sans conscience, cet homme était aussi intelligent, très bon marin, habile stratège et homme de parole. Plus que tout autre, il fut un terrible guerrier, qui se battait en sachant que l’heure viendrait inévitablement pour lui de se balancer au bout d’une corde.
La veille de sa mort, Barbe-Noire but jusqu’au matin avec ses hommes ; il avait eu vent de l’approche de Maynard et l’un de ses compagnons lui demanda si, dans le cas où il lui arriverait malheur, sa femme ne devait pas savoir où il dissimulait son argent. Il répondit que personne, en dehors de lui et du diable, ne savait où ce bel argent se trouvait et que celui des deux qui vivrait le plus longtemps pourrait garder le tout… La mort de Barbe-Noire marqua pratiquement la fin de la piraterie sur les mers bordant l'Amérique du Nord.

BARNES William[?]: flibustier anglais.

À la fin de 1676, ce capitaine joignit apparemment la flotte corsaire commandée par le marquis de Maintenon qui, depuis Saint-Domingue, alla piller au début de l'année suivante la capitale de l'île Margarita puis la ville de Nueva Valencia au Venezuela. En effet, il compta ensuite au nombre des cinq capitaines qui pillèrent le port de Santa Marta en juillet 1677. En compagnie de Lagarde, Coxon et les autres qui avaient participé à cette dernière entreprise, il rentra à la Jamaïque. Il vint mouiller à Port Royal dans les premiers jours du mois d'août, sollicitant et obtenant le pardon du gouverneur Vaughan.

Barthélémy le Portugais: flibustier portugais (mort à Cuba, probablement en 1672).

Naufragé à l'île Blanco, il fut rescapé par un corsaire jamaïquain qui le mena à la côte Saint-Domingue où il vécut sept ans parmi les boucaniers. Étant repassé en Europe, il revint bientôt en Amérique, comme engagé à Cuba. Lors d'une descente de flibustiers sur cette île, il se joignit à eux et devint capitaine au bout de quelques années. Ayant armé une barque de quatre canons et de trente hommes à la Jamaïque, il s'empara d'un riche navire chargé de cacao. Peu après cette prise, il fut capturé par trois navires espagnols, qui le menèrent à Campêche (probablement vers octobre 1663). Condamné à mort pour piraterie, il s'évada et rejoignit à l'île de Triste quelques Anglais et Français avec lesquels il captura un autre navire que ces flibustiers perdirent cependant à l'île des Pins. De retour à la Jamaïque, Barthélémy joignit la flotte de Morgan et mourut, vraisemblablement, en chassant sur l'île de Cuba. Selon le Mercure américain qui relate pour la première fois ses aventures en français, son véritable nom était Bartolomé de La Cueva.

BEARE, John: flibustier anglais (mort en 1696).

En octobre 1684, il reçut à Nevis une commission du gouverneur général Stapleton, pour donner la chasse aux Caraïbes et aux pirates. Avant la fin de l'année, il fut capturé par les Néerlandais et conduit prisonnier à Curaçao avec son sloop pour avoir lui-même pris un corsaire espagnol. Ayant été libéré, il passa en Angleterre d'où il repartait pour Nevis au début de 1686. Mais, au large des îles Sorlingues, dans la Manche, son navire faisant eau dangereusement, il choisit de continuer son voyage sur la frégate The James, sur laquelle il rallia Nevis où, en juillet 1686, le gouverneur adjoint Russell et le conseil de la colonie lui renouvelèrent sa commission. Il fut ainsi chargé de donner la chasse à une bande de pirates espagnols qui venait de piller Tortola, l'une des îles Vierges. Selon ses dires et celui de ses hommes, ils furent attaqués en route par la Soldad, dont ils se rendirent maîtres, n'ayant pu toutefois mettre la main sur l'équipage qui parvint à s'enfuir. En octobre 1686, Beare ramenait cette prise à Nevis où elle lui fut adjugée comme forban. Une fois encore, le gouverneur Russell lui renouvela sa commission pour commander la Soldad, avec ordre d'aller à la colonie danoise de Saint-Thomas (îles Vierges) pour y capturer un autre pirate espagnol. Peu de temps, le capitaine St. Loe, commandant le HMS Dartmouth, obtint du gouverneur Russell un ordre pour ramener Beare (qu'il accusait de piraterie) et lui confisquer sa commission. Cependant St. Loe ne quitta Nevis qu'en janvier 1687, au moment où Beare quittait les parages de Saint-Thomas. Quelques semaines plus tard, Beare devint forban lui-même, capturant notamment un navire de la Nouvelle-Angleterre. Enfin, conduisant ses prises à Cuba, il gagna La Havane où il entra service de l'Espagne. Les Anglais de son équipage refusèrent ce changement d'allégeance, et Beare les remplaça par des mulâtres espagnols. Selon le gouverneur de la Jamaïque, île dont le commerce maritime aura ensuite beaucoup à souffrir des brigandages de Beare, ce dernier se maria à La Havane même devant le gouverneur Munibé, avec une fille native de la Jamaïque, qui avait coutume de l'accompagner en mer, vêtue en homme. Beare poursuivit sa carrière de flibustier au service de l'Espagne dans la mer des Antilles jusqu'au milieu de la guerre de la ligue d'Augsbourg. Cependant, vers la fin de 1695, il changea à nouveau d'allégeance et se rendit au Petit-Goâve, à la côte de Saint-Domingue, où il se rangea sous pavillon français.

BEAUCHENE, Chevalier de: pirate canadien, de son vrai nom Robert Beauchêne.

Canadien français, élevé par les Iroquois, ballotté de pirates en soldats, le Chevalier de Beauchêne, dont René Louis Lesage dresse un portrait picaresque est un aventurier sympathique que les hasards de la guerre poussent dans le camp des flibustiers.
Beauchêne aurait vraiment existé. On a retrouvé son baptistère : « Le 23 avril 1686, a été par moi baptisé Robert, fils de Jacques Chevalier, haut de la rivière des Prairies, et de Jeanne Villain, sa femme... » et même une liste des marchandises embarquée dans le port de Québec à bord du navire qu'il commande. Entre autres, on y lit que Beauchêne prend à son bord cinquante Iroquois et des tonneaux de rhum pour faire patienter les Iroquois durant le voyage. C'était sans doute son arme secrète contre les Espagnols !
Vers l'âge de 7 ans, Robert Chevalier fuit sa famille pour se livrer à la bande d'Iroquois qui ravagent la région de Vaudreuil, au Québec. Adopté par eux, il en prend « l'esprit». Vers 1695, il est fait prisonnier, avec d'autres Iroquois, par M. de Frontenac. Robert est rendu à ses parents. À son regret, il retrouve la vie paisible. Il s'ennuie. La forêt l'appelle. Il se fait chasseur. Plusieurs mois plus tard, il revient à la tête d'un groupe d'Algonquins. Avec eux, il se lance dans la contrebande d'eau-de-vie.
En Europe, c'est la guerre. L'Angleterre et la France s'affrontent; elles s'opposent aussi en Amérique. Les escarmouches se multiplient entre les Anglais de la Nouvelle-Angleterre et les Français de la Nouvelle-France. La « passion » de Robert Chevalier pour la guerre est titillée, mais ces petites guerres ne le satisfont plus. Il se rend à Louisbourg avec sa bande d'Algonquins pour se joindre à la garnison assiégée par les Anglais. C'est là qu'il rencontre des flibustiers français venu ravitailler la forteresse en farine. Et il est tenté « d'essayer de la guerre sur mer ». À partir de ce moment , sa vie est une sarabande d'aventures de Vaudreuil en Acadie, de Saint-Domingue à la Jamaïque, de l'Irlande aux Antilles, de la côte d'Afrique à Rio de Janeiro, de la Guinée à Rouen, de Paris à Québec, du Sénégal à Chambly, de Sorel à Tours.
Il faut lire le roman sur ce personnage, car c'est digne d'un film haut en couleurs. Surtout que Beauchêne est en plus un coureur de jupons inépuisable. Après des mois en mer fait de durs combats et de privations, lorsque sa bande de flibustier descend au port, ils ont vite fait de se parfumer et de se lancer à l'aventure. Les femmes des bourgeois se livrent à eux sans trop de résistance parce qu'ils font rêver. Robert Chevalier dit de Beauchêne, est le plus chenapan de tous, le plus séduisant, le plus entreprenant.
Il ne manque pas d'humour et de ruse. En voici un exemple; suite à une bonne prise en mer, Beauchêne et ses hommes descendent à Saint-Domingue pour y faire la fête. Après sept mois de jeux, bals, cadeaux, querelles, tapages... Le Gouverneur commence à en avoir assez. Un événement fait déborder la coupe : un flibustier insulte un officier, lequel avait un nez d'une longueur excessive à son goût: « Ton nez me choque, je veux à coup de sabre en ôter ce qu'il y a de trop. Allons, mon ami, l'épée à la main.»
L'Officier, qui était espagnol, défendit son nez en brave homme...mais il se plaint de l'audace du flibustier au Gouverneur, qui publie une ordonnance par laquelle il enjoint les flibustiers de ne porter aucune arme dans Saint-Domingue. Les hommes de Beauchêne obéissent... mais, quand le gouverneur apprend qu'ils font porter leurs épées par leurs valets, comme avaient fait à La Rochelle les Canadiens de l'équipage de d'Iberville, il se fâche et interdit en plus du port d'armes qu'on se permette de les faire porter.
Les anecdotes et les aventures sont nombreuses dans le roman de Lesage. C'est un livre à lire. Quant à notre chevalier, on ne sait au juste ce qui lui est arrivé après sont périple au Brésil. Selon l'auteur, René Louis Lesage, Beauchêne a été tué dans un duel contre un anglais et sa veuve lui aurait apporté le manuscrit de ses mémoires. C'est à partir de ce document qu'il a écrit « Les aventures de M. Robert Chevalier dit de Beauchêne, capitaine de flibustiers dans la Nouvelle-France ».

BEAUREGARD, Sieur de (Jean LE GOFF): aventurier français natif de Brest (mort à l'île à Vache, novembre 1699).

Il s'établit à Saint-Domingue avec le futur gouverneur Ogeron en 1664, et participa ensuite à plusieurs expéditions de flibuste. En 1677, il fut nommé capitaine des milices de la Grande-Anse (Jérémie) puis il fut envoyé cette même année par le sieur de Cussy pour commander la plaine du fond de l'île à Vache. Il dirigea ce petit établissement en qualité de major de milice et chassa de l'île à Vache les Anglais qui venait y pêcher. En 1682, il y accueillit plusieurs flibustiers dont Tristan, Yankey, De Graff et Grenezé. En représailles, au début de 1683, trois galères espagnoles pillèrent Jérémie et emmenèrent tous ses esclaves. En novembre, il fut choisi pour commander à terre les flibustiers de la flotte de Laurens De Graff, laquelle avait pour dessein d'aller attaquer la ville de Santiago de Cuba, mais il se querella avec des flibustiers, et cette entreprise fut abandonnée. En 1685, il devint membre du Conseil souverain de la colonie et, en 1691, il fut nommé major pour le roi au Petit-Goâve. En juin 1694, il fut l'un des officiers du gouverneur Ducasse lors de l'expédition contre la Jamaïque, au cours de laquelle il perdit une jambe. Promu lieutenant de roi au Port-de-Paix, il rassembla une centaine d'hommes lors du raid anglais contre le Petit-Goâve en juillet 1697. L'année suivante, il obtint de Ducasse la concession du fond de l'île à Vache, où, dès le mois de mai, il commanda en qualité de lieutenant de roi : il y introduisit un millier de moutons et installa 45 colons dans la baie de Saint-Louis (l'ancienne baie de Cromwell, qu'il avait lui-même rebaptisée ainsi en 1677), puis 60 autres à la plaine des Cayes.

BENNETT, John: flibustier anglais (mort dans le golfe du Mexique, vers janvier 1677).

En 1669, il commandait à la Jamaïque une petite barque de 15 tonneaux, The Faithfull Mary. Avec ce même bâtiment ou un autre (The Virgin Queen) et 30 hommes d'équipage, il joignit, dans les derniers mois de 1670, la flotte de l'amiral jamaïquain Henry Morgan, sous les ordres duquel il participa à l'expédition de Panama. La paix ayant été conclue entre l'Angleterre et l'Espagne, Bennett compta au nombre des flibustiers jamaïquains qui se réfugièrent dans la colonie française de Saint-Domingue. En novembre 1674, il y obtenait d'ailleurs le commandement du brigantin The Fortune, avec une commission du gouverneur Ogeron pour prendre tant sur les Néerlandais que sur les Espagnols. Ainsi, en mars 1675, il pillait avec ses hommes une plantation dans la partie espagnole de Saint-Domingue, puis devant le port de Santo Domingo, il se rendait maître du Buen Jesus de las Almas, chargé d'environ 46 500 pièces de huit, prise qu'il conduisit au Petit-Goâve le mois suivant et qui lui fut adjugée par Ogeron. En avril, il obtint une nouvelle commission de ce gouverneur pour sa prise qu'il rebaptisa The Saint David. Vers le même temps, il reçut de son ancien chef Morgan, revenu à la Jamaïque comme gouverneur adjoint, une lettre l'invitant lui et les autres corsaires à venir à Port Royal liquider leurs prises comme par le passé. Il y revint peu de temps après et, ayant entrepris une autre course comme capitaine sous pavillon français, il confia le commandement du Saint David à Thomas Paine. En mai 1676, Bennett s'embarqua comme maître sur un corsaire qui allait aux Honduras. Là, au cours d'un combat contre une hourque espagnole, il trouva la mort.

BEQUEL, Philippe: flibustier français probablement originaire de La Rochelle.

Depuis environ 1650, il faisait la course contre les Espagnols dans les Antilles, ayant peut-être servi sous les ordres de capitaines tels que Gabaret ou Beaulieu. Devenu capitaine lui-même à la fin de la décennie, il fut l'un des premiers flibustiers à recevoir une commission en guerre du gouverneur de la Jamaïque, conquise quelques années plus tôt par les Anglais. En effet, le 13 décembre 1659, il obtenait un congé du gouverneur D'Oyley pour sortir du port Cagway (future Port Royal), à dessein de prendre sur les Espagnols. Par la suite, il fréquenta l'île de la Tortue commandée par Deschamps du Rausset. Tout de cette petite colonie française, il continua à armer depuis de la Jamaïque, puisqu'à la fin de 1663 il figurait parmi les corsaires de la Tortue en possession de commission du nouveau gouverneur Windsor. Il est possible qu'il participa aux entreprises de l'Olonnais, notamment au voyage infructueux que celui-ci fit (1667-1668) aux Honduras et au Nicaragua, lors de la guerre de Dévolution. Probablement lors de cette expédition, il perdit son bâtiment et s'embarqua alors avec le capitaine Vauquelin. Il semble s'être établi soit à la Tortue soit à la côte de Saint-Domingue, où l'on présume qu'il se maria. Dans la seconde partie de 1669, son associé Vauquelin et lui servirent de pilote au comte d'Estrées, chef d'une escadre de la marine royale en croisière aux Antilles. L'année suivante, il rédigea un mémoire détaillé pour servir à la conquête des Honduras et du Yucatán, mémoire auquel il associa le nom de son camarade Vauquelin. Dans ce document, Bequel demandait un grade dans la marine royale, ce qui ne lui fut apparemment pas accordé.

BERNANOS, Jean: flibustier français (Metz, 6 mars 1648 - Port-de-Paix, 13 juillet 1695).

Il appartenait probablement à cette famille Bernanos d'origine espagnole qui émigra en Lorraine au début du 17e siècle. Sans doute aussi de petite noblesse, il aurait été capitaine de cavalerie avant de s'établir à la côte de Saint-Domingue dans les années 1670. Il est mentionné pour la première fois comme chef flibustier dans cette colonie en 1679. En effet, selon le seul Basil Ringrose, il aurait commandé cette année-là une descente contre la ville de Chepo (dans l'isthme de Panama) avec l'aide des Kunas, les Indiens du Darien.
Après l'échec de cette entreprise, il aurait participé à la prise de Puerto Belo (février 1680) en compagnie de Coxon et d'autres capitaines anglais, qu'il aurait ensuite suivi à Boca del Toro puis dans l'archipel de San Blas, où son compatriote Rose et lui refusèrent de se joindre aux Anglais qui passèrent à la mer du Sud. Cependant il est possible que Bernanos n'ait pas commandé le corsaire à bord duquel il était, mais qu'il n'ait été qu'un officier envoyé par le gouverneur Pouancey pour commander les troupes dans leurs descentes contre les places espagnols (voir Andresson et Lassonde). Plus sûrement, Bernanos apparaît comme capitaine flibustier au début de mars 1684 : il commandait alors un petit navire de six canons avec 60 hommes d'équipage. Ce même mois, il appareillait de Saint-Domingue, comme chef d'une petite flotte comptant quatre autres bâtiments, à destination du Venezuela, pour y piller la principale place espagnole sur l'Orénoque, par où disait-on transitait une importante quantité d'or. En route, Bernanos fit escale à Sainte-Croix, où certains de ses capitaines, voire lui-même, reçurent du gouverneur une commission pour prendre sur les Espagnols et les Néerlandais, ce que leur avait refusé le sieur de Franquesney à leur départ de Saint-Domingue. S'étant alliés à des Indiens Caraïbes, Bernanos, ses associés et leurs hommes se rendirent maîtres (30 mai 1684) de Santo Tomé sur l'Orénoque où ils ne firent pas grand butin. Ils demeurèrent toutefois jusque vers la fin du mois d'août dans les parages des îles Trinidad et Margarita.
Peu avant cette expédition ou au retour de celle-ci, Bernanos épousa (1684) au Port-de-Paix une certaine Marguerite Bastard. Selon certains, au retour de son expédition sur l'Orénoque, il aurait fait escale dans l'archipel de San Blas où il aurait renouvelé son amitié avec les Kunas. En 1687, il était retiré comme planteur au Port-de-Paix et, en octobre de cette année-là, à la requête du gouverneur Cussy, il accompagna le sieur de Franquesney à bord du vaisseau du roi Le Marin, à la tête de 15 hommes, pour aller arrêter un navire forban revenant de Guinée, dont le commandement lui fut ensuite donné en récompense. Dès le début de la guerre de la ligue d'Augsbourg, il reprit du service comme corsaire. Vers le mois de septembre 1689, il repartit en course avec une commission pour prendre sur les Anglais. Il revint de cette croisière l'année suivante. Le 16 juillet 1690, Cussy le trouva ainsi à l'ancre au Cap Français. Bernanos se vit renouveler sa commission et repartit en course dès septembre suivant, ayant alors dessein de faire descente à Santiago de Cuba, mais il ne fit que quelques prises sur les Anglais en chemin. En 1692, il participa à un raid contre des plantations à la Jamaïque. Nommé major pour le roi au Port-de-Paix l'année suivante, il prit part à l'expédition de la Jamaïque (1694) commandée par le nouveau gouverneur Ducasse. L'année suivante, il mourut en défendant la colonie lors de l'invasion des établissements français de la côte nord de Saint-Domingue par des troupes anglo-espagnoles venant d'Angleterre, de la Jamaïque et de Santo Domingo. De son mariage avec Marguerite Bastard, il avait eu trois enfants, dont une fille prénommée Emmanuelle qui épousa (au Port-de-Paix, en 1697) Théophile Gautreau. De plus, un Claude Bernanos, peut-être son fils ou un parent, fut aussi capitaine flibustier à Saint-Domingue au début du siècle suivant.

BIGFORD: flibustier anglais (mort à l'île à Vache, 12 janvier 1669).

À la fin de 1668, il commandait l'un des bâtiments corsaires de la Jamaïque qui se réunirent à l'île à Vache sous le commandement de Henry Morgan. Il y périt lors de l'explosion de l'Oxford.

BLAUVELT, Willem Albertsen: flibustier néerlandais originaire de Monnikendam, près d'Amsterdam (Hollande) plus connu sous le nom anglais de BLUEFIELD.

À partir de la fin des années 1620, en compagnie de son frère Albertus, il commerça au Honduras avec les Indiens Mosquitos du Nicaragua et du cap Gracias a Dios, tous deux utilisant alors l'île inhabitée de Santa Catalina comme rendez-vous. Lorsque le comte de Warwick et d'autres notables anglais fondèrent la Providence Island Company à dessein de coloniser Santa Catalina et l'île voisine de San Andrés, les frères Blauvelt n'en cessèrent pas moins leur négoce avec les Indiens. Willem s'établit à Santa Catalina même, rebaptisée Providence par les Anglais. Ainsi vers le début de 1637, sur son bateau, il vint mouiller dans le port de l'île à la barbe des sentinelles et rentra tranquillement jusque chez lui sans être inquiété. Dès cette époque il devait être marié puisqu'en 1644, sa femme Dorothy et leur fils Anthonie vivaient à Londres pendant qu'il faisait la course contre les Espagnols.
Après la reprise de Providence par les Espagnols (1641), Blauvelt entra au service de la Compagnie de la Nouvelle-Suède, financée par des capitaux suédois et néerlandais pour coloniser le Delaware. Mais il ne demeura pas longtemps à cet emploi. Dès 1643, il adoptait comme port de relâche Niew Amsterdam (future New York), la capitale des Nouveaux Pays-Bas, où, en octobre de cette année son navire de six canons et 50 hommes d'équipage nommée La Garce, était prêt à appareiller pour la mer des Antilles avec une commission de la Westindische Compagnie pour prendre sur les Espagnols. En avril de l'année suivante, il y ramena deux prises espagnols chargée de tabac, de sucre et de vin. Une deuxième (1645-1646) et une troisième (1647-1649) campagnes depuis Nieuw Amsterdam vers les Antilles furent toutes aussi fructueuses. Au retour de cette dernière, au cours de laquelle il avait pillé (1648) Bacalar, au Yucatán, il eut des démêlés avec la justice tant aux Nouveaux-Pays que devant les États généraux des Provinces Unies à propos d'une prise espagnole faite à Cuba en temps de paix. Mais cette dernière, conclue entre l'Espagne et les Provinces Unies, n'empêcha pas Blauvelt de réarmer pour les Antilles. En 1652, toujours sur la Garce, il mettait à sac, une seconde fois Bacalar et probablement le bourg d'Alvarado (Mexique). Il est fort probable qu'à partir de cette année-là, il se mit à écumer la mer des Caraïbes sous pavillon français, avec commission du gouverneur de la Tortue, car ses jours à Niew Amsterdam étaient comptés. En effet, pendant presque quinze ans, Blauvelt avait résidé entre ses expéditions dans la colonie néerlandaise où, entre autres, il s'était signalé, par d'honnêtes actions, comme être parrain lors d'un baptême et, ce qui est moins noble mais bien digne d'un corsaire, être impliqué dans une bagarre l'opposant à certains de ses hommes, allant jusqu'à tirer le sabre contre eux, ou encore en se montrant mauvais débiteur.
À partir de 1656, il n'est plus mention de lui à Niew Amsterdam. Lors de ses courses précédentes, Blauvelt avait utilisé comme base un havre au sud-est de la Jamaïque, connu encore aujourd'hui sous le nom de Blewfield's Bay, qu'il continua de fréquenter après la conquête de cette île par les Anglais (1655). Mais son lieu de résidence était le cap Gracias a Dios où il vivait maintenant parmi ses amis indiens; une rivière du Nicaragua porte d'ailleurs encore son nom. C'est probablement là qu'il s'était retiré en quittant définitivement Nieuw Amsterdam. À la fin de 1663, commandant une petite barque, il est recensé parmi les flibustiers relevant de la Jamaïque et portant une commission du gouverneur de cette île.

BLOT: flibustier français (probablement mort sur l'Orénoque, mai 1684).

Au début de 1679, il commandait une petite frégate de deux canons, avec 44 hommes d'équipage, sous la commission du gouverneur de Saint-Domingue. Croisant devant La Havane, il y rejoignit le capitaine Bréha en compagnie duquel il se rendit aux Bahamas. Là, il captura deux bâtiments espagnols, commandés par Martín de Melgar, lesquels repêchaient les trésors du galion Maravillas qui y avait sombré une vingtaine d'années auparavant. Grâce au pilote et aux plongeurs indiens de Melgar, Blot, son associé et leurs hommes sortirent de l'épave pour 200 000 pièces de huit en barres d'argent. De retour à Saint-Domingue avant la fin de l'année, il fut renvoyé travailler sur l'épave de la Maravillas par le gouverneur Pouancey. Commandant la frégate Trinitaire, de deux canons et 80 hommes, il se rendit en effet sur l'épave où on le retrouve en avril 1680. Rentré à Saint-Domingue vers septembre de la même année pour y chercher des vivres, il retourna ensuite sur le site de la Maravillas, où en mai 1681 il se trouvait avec sa frégate et trois autres petits bâtiments. En 1682, il s'empara d'un petit vaisseau espagnol de huit canons, avec lequel il alla aux îles Caïman où il s'associa avec le capitaine Yankey : les deux se rendirent ensuite au Honduras où il joignirent Van Hoorn et De Graff, sous les ordres desquels ils participèrent à la prise de la Vera Cruz (mai 1683). Passant par la Jamaïque, Blot rentra ensuite à Saint-Domingue d'où il repartait à la fin de l'année au sein d'une flotte commandée par De Graff, qui devait aller contre Santiago de Cuba. Mais ce dessein ayant été abandonné, Blot ne semble pas avoir suivi De Graff à la côte de Carthagène. En tout cas, il retourna à Saint-Domingue, car, dès mars 1684, il en appareillait à nouveau au sein de la flottille commandée par Bernanos, sous les ordres duquel, en mai suivant, il participa à la prise de Santo Tomé, sur l'Orénoque. Il est possible qu'il périt lors de cette descente. En effet, quatre ans plus tard, le gouverneur de Saint-Domingue dira de Blot qu'il était mort. D'autres sources laissent supposer qu'après l'expédition de l'Orénoque il gagna l'île Tortuga, à la côte de Caracas, en compagnie de ses associés Cachemarée et Vigneron, et qu'ensuite avec le premier il prit le parti de passer à la mer du Sud par l'isthme de Panama.

BOND, George: flibustier anglais originaire de Bristol (golfe de Panama, 1685-?).

Commandant un navire armé à Londres, The Summer Island, il alla acheter (1682) à l'île Saint-Thomas un vaisseau néerlandais qu'il arma en course. Après avoir fait plusieurs prises, dont le Gideon qu'il envoya à Saint-Thomas, Bond se rendit au Cap Vert (1683) où il commit quelques pirateries contre les Portugais. Passant à la côte de Guinée, il s'associa avec le pirate Eaton et se rendit au Brésil à dessein de passer à la mer du Sud par le détroit de Magellan. Son pilote Morton l'ayant quitté pour Eaton, Bond retourna aux Antilles, puis il fit sa soumission aux Espagnols à Puerto Belo. Il monta ensuite un brûlot que ces derniers envoyèrent contre les capitaines Edward Davis et Charles Swan (mars 1685), trouvant probablement la mort lors de son explosion.

BONIDEL: flibustier français.

Le 4 décembre 1659, ce capitaine obtenait un congé du colonel D'Oyley, le gouverneur militaire de la Jamaïque, pour sortir du port Cagway (future Port Royal), avec commission du même officier pour prendre sur les Espagnols.

BONNY, Ann: flibustier français.

Ann Bonny: fille illégitime de l'avocat William Cormac et d'une servante appelée Peg Brennan, elle est probablement née entre 1700 et 1705 en Irlande. L'existence d'Ann Bonny a été hors-la-loi même avant sa naissance. Son père, un avocat de Cork, en Irlande, avait fait un enfant à une servante, ce qui fit scandale et l'obligea à émigrer à Charlston, en Caroline du sud, emmenant la jeune Ann et sa mère avec lui. Aux colonies, l'avocat fit fortune dans les plantations; on peut penser que sa fille eut un brillant avenir. Pas du tout ! À la mort de sa mère, Ann s'enfuit avec un beau matelot, James Bonny, contre la volonté paternelle. Sur un bateau-pirate, ils s'enfuient jusqu'à l'île de New Providence et se marient. Plus tard, son mari accepte le pardon de Woodes Rogers (gouverneur des Bahamas) se faisant honnête citoyen et pire, espion à la solde de la Couronne. Écoeurée, Ann le quitte et commence à accorder ses faveurs à divers pirates. Elle se hisse ainsi peu à peu jusqu'au lit de Calico Jack, connu sous le nom du capitaine Jack Rackam. Habillée en matelot, Ann participe aux abordages, maniant le sabre avec la même ardeur et la même efficacité que ses compagnons.
Un an environ avant sa capture, Ann donne naissance à un enfant lors d'une escale à Cuba. On n'entendit plus jamais parler de l'enfant et Ann reprit ses activités. Peu de temps après, Rackam surprend Ann tendrement enlacée avec un membre de l'équipage. Pas du tout friand des longues procédures, sur le champ le capitaine Rackam dégaina son sabre et s'apprêtait à trancher la question... Et la têtes des délinquants. Mais Ann lui fait alors une révélation pour le moins surprenante: le nouveau matelot est une femme..! C'est ainsi que Mary Read entre dans la vie de Ann Bonny et Jack Rackam. Leur fin à tous les trois sera signée en octobre 1720 avec l'arrestation de toute l'équipe, sur les côtes de la Jamaïque. Si Jack Rackam finit pendu haut et court, les deux femmes eurent la vie sauve car enceintes toutes deux. C'est en tout cas ce que prétend Daniel Defoe dans son récit.
Mary Read mourut des suites d'une fièvre, quelques mois seulement après la commutation de leur condamnation à mort. Ann Bonny, quant à elle, disparait des tabelles de l'histoire à partir de cette époque. Certains prétendent qu'elle retourna en Virginie après avoir mis au monde son enfant, le 21 avril 1721, un fils qui se nomma John Cormac Bonny. Elle se maria en 1721 à un certain Joseph Burleigh avec lequel elle aurait eu pas moins de huit enfants, dont 3 seraient morts en bas âge. Cette Ann Bonny, pour autant qu'il s'agisse bien de la célèbre pirate, est dite décédée le 25 avril 1782 et incinérée à Sweethaven, possiblement dans le comté de York en Virginie.

BORGNEFESSE: personnage fictif.

Les mémoires de Louis-Adhémar-Timothée le Golif sont très probablement un canular imaginé par un romancier qui créa de toutes pièces le personnage et fit croire à son existence réelle pour attirer l'attention sur son oeuvre.

BRADLEY, Joseph: flibustier anglais (mort à Chagres, vers le 16 janvier 1671).

À la fin de 1665, il commandait un bâtiment jamaïquain dans la flotte d'Edward Mansfield et participa, sous les ordres de ce dernier, aux descentes contre Cayo à Cuba (en décembre) et contre Turrialba au Costa Rica (avril 1666) puis à la reconquête de l'île Santa Catalina (Providence) sur les Espagnols. En septembre 1670, accompagné de deux autres corsaires, il ramena, à Port Royal, un ketch anglais, qu'il venait de reprendre aux Espagnols. Le gouverneur Modyford l'envoya ensuite rejoindre Morgan à l'île à Vache où il figura au sein du conseil qui décida, en décembre, de la descente sur Panama. Après la prise de l'île Santa Catalina, il fut envoyé, à la tête de 470 hommes, prendre Chagres. Au cours de l'attaque du fort San Lorenzo, il eut les deux jambes cassées par un boulet, blessure dont il devait mourir quelques jours plus tard.

BRANDT, Bartel: corsaire zélandais.

Lors de la première guerre anglo-néerlandaise (1652-1654), il commanda en course, de même que son frère Leijn Brandt, contre les Anglais, sous commission de la chambre de Zélande de la Westindische Compagnie. À nouveau, lors du conflit suivant entre les Provinces-Unies et l'Angleterre (1665-1667), il fut capitaine corsaire. Commandant un vaisseau de 34 canons et 150 hommes armé à Flessingue, il vint vers le mois d'avril 1667 faire escale à l'île de la Tortue, où gouverneur Ogeron lui en donna une pour prendre sur les Espagnols. En juin, il croisa entre la Jamaïque et la côte nord de Cuba, où il captura neuf bâtiments anglais, dont deux pinques chargée de marchandises et de 150 000 pièces d'or et d'argent; les sept autres prises étaient des flibustiers anglais, parmi lesquels se trouvait l'ancienne frégate espagnole Nuestra Señora del Carmen montée de 22 canons. Brandt se rendit ensuite au port de Matanzas (nord de Cuba), où il brûla sept de ses prises, donna les deux plus petites à ses prisonniers anglais et reprit la route de l'Europe avec les deux dernières, les plus riches. Il mena celles-ci à Flessingue, son port d'attache, où elles furent vendue le 23 août 1667.

BRASDEFER, Alexandre: flibustier, probablement espagnol.

Cet aventurier, ainsi surnommé en raison de la force de son bras, montait le Phénix. Il fit une fois naufrage à Boca del Toro (Costa Rica). Son authenticité historique a été mis en doute, car il n'a apparemment pas laissé de trace dans les archives. Or, il est certain qu'il n'était pas Français, puisqu'il s'entretenait en espagnol avec Exquemelin qui a rapporté ce que l'on sait de lui et qui l'aurait guéri d'une blessure considérable.

BRÉHA, alias Pierre BART: flibustier français (Vanes, Bretagne, vers 1650 - Vera Cruz, décembre 1685).

Marin sur le vaisseau du roi Le Bourbon lorsque celui-ci se perdit sur les récifs de l'île d'Avés (mai 1678), avec d'autres navires de l'escadre du comte d'Estrées, il s'embarqua alors avec Grammont qui se rendit piller les établissement espagnols du lac de Maracaïbo. Au retour de cette expédition, il s'établit au Petit-Goâve où il obtint le commandement d'une petite barque pour pêcher la tortue au sud de Cuba, mais il fut attaqué par les Espagnols, qui le blessèrent gravement. Promu capitaine flibustier à Saint-Domingue, dans les premiers mois de 1679, il commandait la frégate Le Saint-François, de deux canons, avec 70 hommes d'équipage avec laquelle il alla croiser devant La Havane. Là, il y rencontra son compatriote Blot, avec lequel il se rendit aux Bahamas et qu'il aida ensuite à repêcher une importante quantité d'argent de l'épave de la Maravilla.
Après cette première course, il se fit habitant au Petit-Goâve. En février 1681, il repartait en expédition, commandant cette fois la barque longue La Fortune : il avait dessein de joindre Blot et d'autres flibustiers pour attaquer la capitale de la Floride. Mais, en août, sortant du cap San Antonio (Cuba), il fut arrêté par le marquis de Maintenon qui lui confisqua sa commission, le priva de la majeure partie de ses hommes et ne le relâcha que dans le canal des Bahamas. L'année suivante, il retourna sur pêcher de l'argent sur l'épave de la Maravilla et s'associa avec deux capitaines anglais de la colonie des Bahamas, avec lesquels, en janvier 1683, il tenta de retrouver l'épave d'un autre galion espagnol perdu à l'est de La Havane. Sa flotte étant renforcée aux côtes de Floride par Thomas Paine et deux autres capitaines anglais, Bréha fit descente, en mars, aux environs de la capitale de la Floride, mais il fut repoussé par les Espagnols. À la suite de cet échec, il rentra à Saint-Domingue, d'où il en ressortait en novembre 1683 au sein d'une flotte commandée par Laurens De Graff qu'il suivit à la côte de Carthagène. Là, après la capture de trois vaisseaux de guerre espagnol, Bréha reçut de l'un de ses associés nommé Pednau, le commandement de la Diligente, de 14 canons.
Bréha se retira ensuite au Petit-Goâve où il joignit une flotte commandée par Grammont qui en appareilla en juillet 1684 à destination de la côte nord de Cuba. Séparé de son chef après plusieurs semaines d'une course infructueuse, Bréha et un autre flibustier nommé Tocard prirent à leur bord à l'équipage d'un petit bâtiment de leur flotte qui s'était échoué à Cuba. Ensuite, Bréha se rendit aux cayes du sud de cette île, où, par manque de vivres, il pilla des Anglais qui y pêchaient la tortue. Peu après, il s'emparait, après un rude combat, de la Nuestra Señora de Regla, prise qu'il mena au Petit-Goâve en décembre 1684 et dont il fit son nouveau navire de course. En mars suivant, apparemment contre sa volonté, Bréha en appareilla avec à son bord le gouverneur Cussy qu'il mena à l'île à Vache et qui, une fois là, lui ordonna de se placer, à nouveau, sous les ordres de Grammont qui y réunissait une autre flotte. Bréha participa ainsi à la prise de Campêche, en juillet et août 1685. Après cette expédition, il compta au nombre des capitaines qui abandonnèrent ce chef. Mais, au large du cap Catoche, il fut capturé en septembre par l'Armada de Barlovento. Conduit prisonnier avec son équipage à la Vera Cruz, il y fut pendu avec une dizaine de ses hommes.

BREWER, Adam: flibustier anglais.

En 1668, il était probablement maître ou officier sur l'un des bâtiments jamaïquains qui participèrent, sous les ordres de Henry Morgan, à la prise de Puerto Belo. À la fin de cette même année, il fut l'un des capitaines qui joignirent le même Morgan à l'île à Vache où, en janvier 1669, il se trouvait à bord de l'Oxford lors de l'explosion de ce navire. Ayant été l'un de ceux qui échappèrent à cette tragédie, il accompagna Morgan dans son expédition contre les établissements espagnols du lac de Maracaïbo. En 1670, il était maître d'un petit bâtiment jamaïquain d'une douzaine de tonneaux, nommé The Intelligence, avec lequel il était probablement engagé dans le commerce du bois de teinture dans la baie de Campêche ou dans la pêche à la tortue à la côte sud de Cuba. En décembre 1671, qualifié de fabricant de voiles à Port Royal, il vendit une partie d'un sloop nommé The Jamaica au lieutenant-colonel Robert Freeman. En 1673, il est recensé encore parmi les habitants de cette ville, cette fois comme marin.

BRIGAUT, Nicolas: flibustier français (île de Ré, vers 1653 - San Augustin, Floride, juin 1686).

En 1678, ce marin protestant vint aux Antilles à bord d'un navire marchand qui fit naufrage aux environs de Puerto Rico. De là, il gagna Saint-Domingue et s'embarqua sur l'un des navires qui devait la même année participer au pillage des établissements espagnols du lac de Maracaïbo. À une date indéterminée, il joignit la compagnie du capitaine Michel Andresson dont il devint l'un des quartiers-maîtres à bord de la Mutine (1683-1684). Lors de l'escale de ce vaisseau à Boston (août à novembre 1684), il acheta une barque de 40 tonneaux dont il devint le capitaine et sur laquelle il se rendit, en compagnie de son chef Andresson, à l'île Tortuga, à la côte de Caracas. De là. il rentra ensuite à Saint-Domingue d'où il sortit au sein de la flotte de Grammont, sous les ordres duquel il participa à la prise de Campêche. Il reçut alors de Grammont le commandement d'une galiote espagnole prise à Campêche, avec 50 hommes d'équipage. Son chef lui ayant ordonné de rentrer à Saint-Domingue pour faire rapport au gouverneur Cussy de leurs dernières aventures, Brigaut y arriva dans les premiers jours de janvier 1686. Il en repartait quelques semaines plus tard avec un ordre de Cussy pour Grammont et les autres flibustiers de venir désarmer dans la colonie. Il retourna ensuite vers Grammont qui mouillait dans le golfe des Honduras. Il suivit ensuite son chef aux côtes de la Floride. Là, au sud de la capitale San Augustin, il échoua sa galiote et fut obligé de l'abandonner. Ses hommes et lui tentèrent d'aller rejoindre Grammont (lequel devait les prendre plus au sud sur la côte), mais ils furent surpris et presque tous massacrés par les Espagnols. Brigaut lui-même et un flibustier noir furent conduits devant le gouverneur Márquez Cabrera à San Augustin, où ils furent jugés puis exécutés pour piraterie.

BRIMACAIN, George: flibustier anglais.

Commandant la frégate The Fortune, il reçut le 28 septembre 1662 une commission de lord Windsor, le gouverneur de la Jamaïque, pour prendre sur les Espagnols par droit de représailles. Il fit ainsi partie de la flotte du capitaine Christopher Myngs qui appareilla de Port Royal quelques jours plus tard et qui pilla le mois suivant Santiago de Cuba. Il est possible qu'il participa ensuite, toujours sous les ordres de Myngs, à la prise de San Francisco de Campeche en février 1663. Au mois d'août suivant, il obtenait une deuxième commission du gouverneur de la Jamaïque pour le même navire, armé de six canons, avec un équipage de 70 hommes. Enfin, en février 1664, il recevait sa troisième et dernière commission en course des autorités jamaïquaines, cette fois pour la frégate The Resolution. À chacun des voyages que Brimacain fit en course, le futur gouverneur Thomas Lynch se porta caution pour lui. Ses activités de corsaires semblent l'avoir enrichi puisqu'en 1666 Brimacain est mentionné parmi les flibustiers jamaïquains ayant acquis de belles plantations. Quatre ans plus tard, il était d'ailleurs retiré comme planteur dans la paroisse de Saint Andrew. Le 18 août 1675, il reçut un pardon royal pour le meurtre d'un certain James Furleigh, qu'il avait tué à la Jamaïque.

BROUAGE: flibustier français.

Cet officier était maître à bord du Neptune, le vaisseau de Laurens De Graff, probablement dès la capture de ce bâtiment par ce capitaine à la côte de Carthagène en décembre 1683. En avril de l'année suivante, vers l'îles des Pins (côte sud de Cuba), il reçut de De Graff, qui rentra à Saint-Domingue à bord d'une nouvelle prise, le commandement du Neptune, à titre temporaire. Sur ce grand vaisseau de 48 canons, il alla croiser devant La Havane, de conserve avec le capitaine Andresson, commandant la Mutine. Là, en mai 1684, ils capturèrent deux bâtiments de la Westindische Compagnie, De Elisabeth et De Stad Rotterdam, sortis de Curaçao avec 100 000 pièces de huit provenant de la vente d'esclaves à Cartagena et une somme équivalente appartenant aux Espagnols. Brouage et Andresson reçurent ensuite l'ordre de Grammont qui vint croiser aussi devant La Havane, d'aller le rejoindre à l'île Tortuga, à la côte de Caracas. Pendant qu'Andresson allait en Nouvelle-Angleterre, Brouage fit route jusqu'à la hauteur des Bermudes, puis il rentra dans la mer des Antilles. Mais il fut démâté par un ouragan, ce qui l'obligea à relâcher à Saint-Thomas (l'une des îles Vierges). Le gouverneur de cette colonie danoise, Gabriel Milan, lui vendit chèrement des mâts et le priva même de la rançon du grand vicaire de La Havane, qui s'était trouvé à bord de l'un des deux vaisseaux néerlandais, en gardant l'ecclésiastique espagnol auprès de lui. Par la suite, Brouage se rendit à Tortuga où il trouva quelques petits bâtiments revenant d'une expédition sur l'Orénoque et où il fut rejoint par Andresson. Enfin, en janvier 1685, Brouage quitta cette île en compagnie des capitaines Andresson, Lagarde, Rose et Vigneron pour la côte de Caracas. Quelques jours plus tard, De Graff, sorti récemment du Petit-Goâve sur sa prise, les y rejoignit et reprit le commandement du Neptune.

BROWNE, James: flibustier écossais (mort à Port Royal, Jamaïque, 5 août 1677).

Vers la seconde moitié de 1675, il appareilla de la Jamaïque comme capitaine d'une navire flibustier sous la commission d'Ogeron, le gouverneur français de Saint-Domingue. Au début de 1677, à la côte de Carthagène, il captura le Golden Sun, un négrier hollandais, de la cargaison duquel il alla vendre une centaine d'esclaves à des planteurs de la Jamaïque. Mais le gouverneur Vaughan fut informé de la présence de Browne aux côtes de la Jamaïque, et le flibustier dut prendre le large, abandonnant la majorité de ses esclaves. En juillet 1677, un flibustier français ramena à Port Royal Browne et huit de ses hommes, lesquels demandèrent à bénéficier de l'amnistie prévue à la nouvelle loi pour contrer la flibuste. Le gouverneur Vaughan pardonna alors à tous les hommes de Browne, sauf à celui-ci. Le capitaine écossais en appela alors à l'Assemblée de la colonie, mais le gouverneur demeura ferme dans son refus et il fit exécuter le pirate.

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